"Les 5 critères d'un Amour réussi"

Selon Swami Prajnanpad, par Arnaud Desjardins « Pour une vie réussie, un amour réussi » (Extrait)

« Swâmiji m’avait un jour énoncé cinq critères grâce auxquels on peut reconnaître la valeur profonde d’un couple. Ces cinq critères sont en fonction d’une durée, d’un chemin à suivre ensemble : « to grow together », croître, grandir, s’épanouir ensemble, progresser sur la voie de la maturité, de la plénitude, une voie d’Amour au sens profond et pur du terme, voie de Sagesse et de communion véritable du masculin et du féminin, de L’Homme et de La Femme. »
Feeling of companionship
Le sentiment d’être des compagnons

Le premier de ces critères est le sentiment d’être deux compagnons. Avoir un compagnon, c’est ne plus se sentir seul(e). Il y a quelqu’un à mes côtés qui me comprend, avec qui j’aime échanger, avec qui j’aime partager, avec qui j’aime agir, faire les choses ensemble.
Le mari ou la femme doit être aussi notre meilleur ami. L’épouse doit pouvoir jouer pour le mari tous les rôles qu’une femme peut jouer pour un homme ; et le mari doit pouvoir jouer pour sa femme tous les rôles qu’un homme peut jouer pour une femme. L’homme — ou la femme — se sent comblé et n’éprouve plus la nostalgie de trouver ailleurs ce qui ne lui manque plus.
Si ce sentiment d’avoir trouvé un véritable compagnon existe, il s’enrichit avec les années, avec les expériences partagées, avec les souvenirs, contrairement à la passion amoureuse ordinaire condamnée à perdre son intensité comme un feu qui se consume et s’éteint.

Complete trust and confidence
Une foi et une confiance totales

Bien sûr, beaucoup d’hommes et de femmes aujourd’hui sont blessés jusqu’au fond de l’inconscient par des trahisons passées vécues dans l’enfance ou la petite enfance. Ce genre de blessure ne facilite pas la communion, l’approche ouverte, le don mutuel de soi dans l’amour.
Est-ce que cette personne a su m’inspirer une réelle confiance ? Du fond de moi monte ce sentiment : elle peut faire des erreurs, elle peut se tromper, elle peut même accomplir une action qui me créera une difficulté momentanée mais elle ne peut pas me faire du mal. Fondamentalement, ce qui domine, c’est cette certitude.
Le mariage ne peut pas être une voie spirituelle vers la sagesse si cette confiance et cette foi n’existent pas, si vous vivez dans la peur. Vous avez à être plus forts que votre infantilisme et à ne pas détruire vous-mêmes une relation précieuse par une méfiance qui n’est en rien justifiée. Il faut que les partenaires ne soient plus totalement infantiles, aient une certaine compréhension de leurs propres mécanismes et décident de les dépasser, d’être plus adultes.
Seule cette confiance complète élimine le poison de l’amour, la jalousie. Je ne dis pas que c’est un vice ou un péché, c’est une émotion particulièrement infantile dans laquelle le mental invente ce dont il n’a aucune preuve. Rien n’est plus destructeur de l’amour que cette jalousie.

At easeness
Être à l’aise

Le deuxième critère est encore plus simple. Aisance : le fait que les choses soient faciles, aisées. On se sent bien. C’est une relation qui ne nous amène pas à gaspiller une grande quantité d’énergie en émotions. Or, trop souvent, dans la fascination amoureuse, il y a émerveillement, il y a des moments intenses, mais il n’y a ni aisance ni facilité ; ou encore une certaine facilité de relation s’établit mais dans la routine, dans la monotonie et il reste au cœur un manque.

Two natures which are not too différent
Deux natures qui ne soient pas trop différentes

Il est normal qu’il y ait une différence et une complémentarité entre un homme et une femme. Nous ne trouverons jamais notre alter ego : un autre nous-même qui, à chaque instant, soit uniquement l’incarnation de notre projection du moment. Nous ne trouverons jamais une femme qui sera toujours exactement ce que nous voulons, aura toujours exactement l’humeur ou l’état d’âme que nous souhaitons, l’expression ou le timbre de voix que nous espérons et prononcera les mots que nous attendons — jamais. Et cela, il faut le savoir. C’est une demande infantile, indigne d’un adulte, destructrice de toute tentative de couple, de vouloir que l’autre soit uni¬quement le support de mes projections et réponde à chaque instant à ce que mécaniquement je demande. C’est une illusion que vous devez réussir à extirper. L’autre est un autre. Et, même si une communion s’établit, l’autre n’aura jamais notre inconscient, notre hérédité. Il y aura toujours une différence.
Mais si les natures sont trop différentes, aucune vie commune n’est possible et cet amour sera battu en brèche par la réalité. Les cas extrêmes vous paraîtront évidents. Si un homme est plutôt solitaire, aime les longues marches dans la campagne, la vie dans la nature, et qu’une femme ne rêve que de mondanités et de réceptions, il est certain que les natures sont trop différentes. Malheureusement, cela n’empêche pas de tomber amoureux.
Deux natures qui ne sont pas différentes, cela n’existe pas. «Deux natures qui ne soient pas trop différentes», sinon l’entente est au-dessus de nos capacités respectives. Il faudrait être bien plus avancé sur le chemin de la liberté intérieure pour pouvoir former un couple paisible avec un partenaire dont la nature est radicalement différente de la nôtre. La fascination amoureuse ignore superbement l’incompatibilité de deux natures. On croit de bonne foi pouvoir s’aimer mais il n’y a pas de possibilité d’une véritable entente. La complémentarité de l’homme et de la femme repose sur la différence mais elle repose aussi sur la possibilité d’association, d’imbrication, de complicité.

Strong impulse to make the other happy
Une forte impulsion à rendre l’autre heureux

Ce critère exige une approche adulte du couple. La demande d’être heureux grâce à un autre est naturelle, normale, légitime chez un homme ou une femme qui n’a pas encore atteint le bout du chemin et qui se sent encore incomplet. Mais il y a une manière tout à fait égoïste de vouloir rendre l’autre heureux, dans laquelle l’autre n’est pas vraiment en question. C’est l’autre tel que je le vois à travers mes projections, mes demandes à moi, que je cherche à rendre heureux en lui offrant ce que j’ai envie de lui offrir, en faisant pour lui ce que j’ai envie de faire, et sans tenir compte de ses véritables demandes. On ne peut sentir ce dont L’autre a vraiment besoin que si l’intelligence du cœur est éveillée.
Ce bonheur est aussi une réalité simple, quotidienne, faite d’une accumulation de petits détails, et pas seulement de s’entendre dire «je t’aime ». Un être a besoin de respirer à chaque minute, et il a besoin de respirer l’amour tous les jours. Cette envie de rendre L’autre heureux ne se fabrique pas artificiellement, elle est là ou elle n’est pas là.
« Une forte impulsion à rendre L’autre heureux » est un sentiment permanent: « J’existe pour lui, que puis-je faire pour lui ? » Cette intelligence du cœur s’éveillerait très naturellement si les émotions ne venaient pas corrompre la possibilité d’un véritable sentiment.

 

Ces critères sont simples. Mais, s’ils sont réunis, tous les autres en découlent, y compris l’entente sexuelle.
(Arnaud Desjardins)